Monsieur le Président,

Le 10 décembre dernier, le Président de la République a donné la possibilité aux entreprises de gratifier leurs salariés par le versement d’une prime exonérée d’impôts et de charges sociales. Depuis cette date, nombreux sont les grands groupes français qui se sont emparés de cette aubaine afin de récompenser le travail de leurs salariés en profitant du formidable effet de levier mis à leur disposition ! Nous citerons Dassaut Aviation, L’Oréal, Total, la SNCF, Airbus, LVMH, Orange, Renault Sanofi… et plus près de nous Cap Gémini ou encore Accenture…

Nous applaudissons des deux mains les dirigeants de ces groupes qui ont eu l’intelligence de saisir cette opportunité bâtie autour d’un concept simple et lisible : un euro versé par l’entreprise = un euro touché par le salarié !

Nous prenons note de votre réponse du 22 janvier à l’intersyndicale formulée comme suit :

« Les résultats estimés au titre de l’exercice 2018 pour la France ne permettent pas d’envisager une telle mesure. »

Force est de constater que cette réponse est en totale contradiction avec  les dernières publications financières où tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes…

Monsieur le Président, est-ce bien de cette manière que vous entendez mettre à profit la liberté retrouvée par le retrait de la cote de Gfi ? Etes-vous à ce point prisonnier de notre actionnaire qatari  jusqu’à  en oublier la justice sociale ?

Est-ce bien ainsi que vous comptez motiver les 10 000 salariés de France à continuer à donner le meilleur d’eux-mêmes ?

Est-ce bien ainsi que vous comptez lutter contre un turn-over excessif qui gangrène nos équipes projets et lamine nos effectifs ?

Monsieur le Président, vous qui connaissez parfaitement les enjeux des ESN en termes de ressources humaines, laisserez-vous Gfi s’engouffrer dans cette voie ? N’écouterez-vous que les sirènes de votre direction financière, aveuglée par la dictature du court terme ? Aurez-vous le courage de retenir le bras de notre actionnaire qui s’apprête à porter un nouveau coup rude au pouvoir d’achat des salariés ?

Monsieur le Président, la CFTC vous demande de revoir votre position sur ce dossier si sensible. Les enjeux sont trop importants pour qu’il en soit autrement.