Lors de la publication des résultats semestriels, le 26 juillet dernier, le succès du refinancement du groupe était évoqué dans les termes suivants :
« Au 30 juin, la dette nette s’établit à 319 M€ conduisant à un gearing de 104 % conformément aux attentes du Groupe.
Pour financer les acquisitions, le Groupe a procédé à un refinancement total de sa dette. Au 30 juin, le Groupe a contracté un crédit syndiqué de 200 M€ et un bridge de 85 M€ permettant de couvrir la dette existante pré-acquisition et les acquisitions du semestre dont Realdolmen. Le financement comprend par ailleurs une ligne d’acquisition et un crédit revolving, l’ensemble représentant 100 M€. Les covenants au 30 juin sont respectés. »
Puis, par un communiqué de presse du 1er août, nous apprenons l’émission d’un emprunt obligataire d’un montant de 90 M€. L’opération a été souscrite par des investisseurs institutionnels dans le cadre d’un placement privé de type « Euro PP ». Les obligations émises portent intérêt au taux annuel de 3,25% pour un remboursement in fine à 7 ans (échéance juillet 2025).
Ce montage financier (placement privé de type « Euro PP ») est largement utilisé par les entreprises de taille intermédiaire (ETI) pour répondre à leurs besoins de financements. En conjuguant souplesse et réactivité, les Euro-PP permettent aux ETI de se financer dans de bonnes conditions tout en diversifiant leurs sources d’approvisionnement. Dans le cas de Gfi, celui-ci permet d’allonger la maturité moyenne de la dette, ce qui sécurise le bilan, tout en réduisant l’exposition aux crédits bancaires et par conséquent la dépendance aux banques. En effet, les 90 M€ levés auprès des institutionnels ont vocation à refinancer partiellement le crédit syndiqué de 200 M€.
Par contre, la CFTC souligne les risques inhérents à cette opération dans le contexte actuel. En effet, le remboursement in fine conduira inévitablement Gfi à faire face à un mur de liquidité à l’échéance de juillet 2025 (qui s’en préoccupe sérieusement aujourd’hui ?). Il est peu probable que les flux de trésorerie générés par Realdolmen permettent le remboursement de la dette in fine. La solution passera alors par un nouvel emprunt dans des conditions de marché totalement inconnues à ce jour. Sans rentrer dans les détails techniques, la fin annoncée du « quantitative easing » par la banque centrale européenne en décembre 2018 va sonner le glas de l’argent facile et des taux d’intérêts incroyablement bas. Pour faire simple : La remontée des taux d’intérêt est inéluctable et le refinancement de la dette en 2025 constitue une bombe à retardement qui retombera inéluctablement sur les épaules des salariés.
Mais y-a-t-il quelqu’un chez Gfi pour se préoccuper véritablement de la pérennité du groupe à long terme ? Y-a-t-il quelqu’un pour regarder au-delà du bilan 2018 ? Et surtout, y-a-t-il quelqu’un pour se préoccuper du devenir des salariés ?